La résilience des communautés passe par l’équité genre
Dr Mamounata BELEM/OUEDRAOGO, Maître de Recherches INERA/CNRST et Ancien Ministre de l'Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l'Assainissement. Elle est Officier de l’Ordre National du Burkina Faso
"Le secteur de l’eau est un des secteurs clés du développement social de base. Sans un accès à l’eau potable pour tous, on ne peut parler de développement durable dans un pays.
Au Burkina Faso, le secteur de l’eau a été identifié comme un secteur vulnérable au changement climatique et à la variabilité climatique (PANA/BF, 2005).
Les hommes et les femmes sont les principaux acteurs du secteur de l’eau. On note une implication plus accentuée des femmes, aidées des enfants, comme les principaux acteurs d’approvisionnement du ménage en eau.
Quand on sait que la gestion des ressources en eau doit être faite de façon intégrée en prenant en compte tous les acteurs, l’on peut déclarer aisément que le secteur de l’eau peut bien contribuer à renforcer l’équité genre.
En essayant de renforcer la résilience des communautés face à la crise d’eau, on est obligé de prendre en compte toute la composante de la population. C’est en cela que nous voyons le rôle du secteur de l’eau dans le renforcement de l’équité genre."
Pour l’équité genre, il faut que tous jouent leur rôle comme les femmes
Félicité Vodounhessi, Ingénieur, chargée de Programme au Secrétariat régional de GWP AO
"L’eau est au cœur de toute vie et le corps humain (des enfants, des jeunes, des filles, des garçons, des vieux, des hommes, des femmes, etc.) en contient environ 60%.
La ressource eau joue une importance capitale dans le développement car sans elle, aucun secteur ne peut prospérer.
Les femmes sont un élément central dans l’approvisionnement, la gestion et la sauvegarde de l’eau, et pour une plus grande équité, il faut amener toutes les couches de la société (enfants, jeunes, garçons, vieux, hommes) à jouer leur rôle dans la gestion de cette ressource rare incontournable pour la vie de tous et ce, dans tous les secteurs de développement.
Cette prise en compte de toutes et tous, à tous les niveaux serait un véritable moyen pour renforcer l’équité genre."
Investir pour améliorer le secteur peut contribuer à l'équité genre
Fatoumata Goundo SISSOKO est la vice-présidente PNE Mali et membre de la direction de la Coordination des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO).
"Pour moi le secteur de l'eau peut renforcer l'équité du genre en ce sens que l’amélioration de ce secteur permet à la femme de dégager plus de temps sur son temps de travail par conséquent son revenu va augmenter ; elle va avoir du temps pour s'occuper de son bien être ; les petites filles auront plus de temps pour s'occuper de leurs études au lieu d'aider leur maman à la corvée d'eau, les femmes et les filles ont le temps d'être plus formées, elles connaîtront mieux leurs droits et devoirs vis à vis de la communauté ; leur santé est préservée ainsi que celle de leur famille.
Le constat est que les femmes mettent plus de temps pour l'eau (6 à 8 heures par jour) dans certaines communautés car elles sont au cœur des processus d'approvisionnement, de gestion et de conservation de l'eau alors que les hommes ont plus de temps libre pour s'occuper de leurs affaires, de pouvoir se positionner stratégiquement.
Face à cette situation chaque acteur doit pleinement jouer son rôle pour améliorer le secteur de l’eau (Etat, collectivités, les décideurs à tous les niveaux, les femmes elles même doivent se battre pour être dans les instances de décisions afin que leurs préoccupations fondamentales soient prises en compte dans les plans de développement à tous les niveaux. Pour cela, elles doivent être formées, avoir des revenus substantiels pour être à des niveaux de responsabilité. C'est en ce moment seulement que nous pouvons penser à une équité du genre à travers le secteur de l'eau.
BONNE FÊTE A TOUTES LES FEMMES EN COMPAGNIE DES HOMMES !!!!!
L'équité genre pour une participation juste et équitable de l'homme et la femme au développement durable ressource
Dr. Karidia SANON est Maitre Assistante et chercheure à l’Université Ouaga 2, Burkina Faso
Karl Marx ne disait –il pas que « L’oppression des femmes est le symbole même de l’oppression des classes ? ». L’équité de Genre dans le secteur de l’eau est donc perçue aujourd'hui comme une nécessité pour une société juste sans opprimés et pour une bonne gouvernance du secteur de l’eau.
C’est ainsi que dans la transition vers la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) en remplacement de la Gestion sectorielle, la nécessité de l’application effective du principe 3 de Dublin qui place les femmes au cœur du processus, d’approvisionnement, de gestion et de conservation de l’eau répond à la question « Comment le secteur de l'eau peut-il renforcer l'équité genre (des sexes) » car, l’application de ce principe va entraîner l’implication effective de l’homme et de la femme à travers leurs participations égales en qualité et en quantité dans les instances de prise de décision concernant les ressources en eau ainsi qu’au niveau du partage des bénéfices.
Ici, j’évoque deux difficultés qui mettent à mal l’application de ce principe en Afrique et, par conséquent, cette équité :
- Le contexte social marqué par une organisation sociale viricentrique : Des sociétés traditionnelles caractérisées par une prépondérance masculine, où le pouvoir est à majorité patriarcal. Ce qui rend invisible les actions et difficultés des femmes dans la gestion de l’économie ;
- La faible représentativité des femmes dans le dispositif de l’administration centrale et déconcentrée qui s’occupe des questions liées à l’eau, même si de nombreux documents prônent un renversement de tendance.
Il faut une analyse Genre dans un souci d’équité dans le domaine de l’eau (avec pour base le principe 3), qui va se présenter comme un instrument de recherche-action aux fins d’une participation juste et équitable de l’homme et de la femme au processus de gestion des ressources en eau dans le contexte de la GIRE. Cette analyse devra se baser sur la dynamique spatiale et temporelle du Genre en Afrique.