Ces experts et structures du Bénin, Burkina Faso et Niger ont été soumis pendant cinq jours, du 19 au 23 juin 2017 à des exercices pratiques de modélisation notamment la caractérisation de la Variabilité Climatique dans le bassin de la Mékrou avec l’outil L-Moments. Le second outil, SWAT, bien connu des scientifiques, permet de connaitre l’état actuel des ressources en eau et de faire des scénarios sur l’évolution future de ces ressources même dans des zones où la mesure sur le terrain n’est pas disponible. Ce sont de précieux outils d’aide à la décision.
L’analyse de risques des précipitations/températures extrêmes et leur variabilité peuvent aider à faire de la planification gouvernementale et décider, par exemple si une activité/ projet/ investissement doit être autorisé selon la zone de risque, ou si une infrastructure doit être dimensionnée en fonction de la variabilité des variables climatiques et des périodes de retour des risques. C’est un outil d’aide au Système d’Alerte Précoce (SAP) car il permet d’identifier les zones de risque et leurs fréquences mais il ne fait pas de la prédiction.
Pour Dr. Boubacar IBRAHIM de la faculté des Sciences et Techniques de l’Université Abdou MOUMINI de Niamey, « ce sont des outils très intéressants qui vont nous permettre de travailler même en dehors du bassin du Mékrou. En tant qu’enseignant-chercheur, je vois que c’est quelque chose que je peux apprendre à mes étudiants qui peuvent l’utiliser dans leur masters et thèses. Il nous appartient aussi de voir comment aider les autres services au niveau national à s’approprier ces outils ».
L’utilisation de ces outils permet d’avoir des informations sur les tendances de tel ou tel risque lié au climat, aux ressources en eau et fournir les options scientifiques les plus appropriées ; toutes ces choses sont nécessaires pour mieux orienter les décisions.
« Ce projet est une grande opportunité de développer et mettre en œuvre des outils et de renforcer les capacités d’un certain nombre d’acteurs à s’approprier de ces outils. C’est une expérience qui va servir d’autres bassins autre que le bassin de Mékrou. », a conclu Abdou Ali de L’AGRHYMET.
Cérémonie d’ouverture technique
S’exprimant à l’ouverture des travaux de l’atelier, le Président du GWP-AO, Prof. Abel AFOUDA a indiqué que « ceci constitue une étape importante de la mise en œuvre du Projet Mékrou avec l’apprentissage de la maîtrise de l’instrument de développement que constitue le modèle hydrologique. On sait que les modèles sont la schématisation de ce que la nature elle-même est mais ils permettent une connaissance approfondie du bassin versant et de la ressource. » Il a relevé que les études ont démontré que dans un contexte de changement climatique, la diminution de 10% des précipitations conduit à une réduction de 20% de la ressource et pour cela il est important de prendre le temps de bien connaitre cette ressource pour adapter l’offre à la demande.
Cesar Caramona du Centre Commun de Recherche de l’Union Européenne a indiqué que cette session va permettre de présenté le prototype de ‘outil E-Water qui devra servir à terme comme un outil d’aide à la décision après la rencontre de février qui avait permis de valider les données et méthodes qui sont à mettre en œuvre dans le cadre du Projet Mékrou financé par la Commission de l’Union Européenne. « Cette semaine, nous allons nous occuper des aspects hydrologiques et de variabilité climatique si importante pour la région du bassin Mékrou », a-t-il ajouté.
Au nom du Centre Régional AGRHYMET/CILSS, l’administrateur intérimaire, M. Samba Ly Souleymane a indiqué que « des phénomènes comme les inondations, la sécheresse, les vagues de chaleurs sont devenus plus fréquents et accentuent la vulnérabilité des populations ». Une situation qui va perdurer les décennies à venir selon les prévisions du Groupe inter gouvernemental d’experts sur le climat (GIEC). C’est pourquoi, dit-il, le développement et l’opérationnalisation d’outils pertinents pour mieux soutenir les stratégies d’adaptation au climat doivent être considérés comme une priorité pour le développement de nos pays. Aussi, estime-t-il que « le renforcement des capacités des acteurs à tous les niveaux demeure l’un des principaux leviers pour faire face au défi de développement de notre région ». Une mission que les Chefs d’Etat du CILSS ont confié au Centre Régional AGRHYMET qui assure la coordination de la contribution des structures scientifiques au Projet Mékrou.
Au nom des participants à la formation, Dr. Moussa SANON de l’INERA au Burkina Faso, a dit à la fin de travaux que « la formation a atteint ses objectifs. La preuve, c’est l’assiduité et l’intérêt des participants à cette formation. La formation a montré qu’on avait besoin de ces outils et l’accord avec les formateurs est de poursuivre le perfectionnement dans l’utilisation de ces outils qui sont pragmatiques d’aide à la prise de décision très rapide. »
Tous les responsables ont salué l’accompagnement du Centre Commun de Recherche et remercié la Commission de l’Union Européenne pour le financement du Projet Mékrou.
