La municipalité de Matiacoali qui fait frontière avec le Niger et le Bénin est un passage important pour tous les types de bovins, principalement ceux du Burkina et du Niger en transit vers le Bénin. Le village de Piega, où se trouve une aire de repos délimitée avec des balises en béton peintes en blanc, génère avec son marché à bétails entre 50 et 100 millions de francs CFA chaque semaine, et le marché de Niadiabouanli qui est plus grand génèrerait environ 150 millions de FCFA, selon le maire. « Il s'agit d'un corridor international transitant de Gayeri dans la région de Dori jusqu'au Bénin et qui procure beaucoup de revenus aux populations, seulement elle est source de nombreux conflits qui seront résolus avec la délimitation ».
Ce projet a été décidé par les habitants des villages de cette zone du bassin de la Mekrou au Burkina. Une certaine sensibilisation était nécessaire pour expliquer aux personnes ayant les maisons au milieu ou traversées par le corridor et tout le monde a accepté de quitter les maisons comme contribution à la paix sociale. « Cela démontre l'importance de ce projet pour eux car il n’est pas courant de voir des gens accepter volontiers de quitter leur foyer. En 2006, nous avons été obligés d'utiliser les forces de police pour dégager les gens des couloirs dans le cadre de matérialisation d’un autre corridor », explique Aboubacar TRAORE, Haut-Commissaire de la Province du Gourma.
Le chef du village de Kouyargou, l'un des villages où se trouve une aire de repos, dit que les habitants de son village acceptent de céder les zones situées dans le couloir. "Nous sommes heureux de le faire, mais nous sommes confrontés à un problème crucial d'eau et avons besoin d'un forage", a déclaré le chef. Cette idée est partagée par Augustin TANKOANO, directeur régional des ressources animales du Gourma, qui ajoute « l’eau est une ressource essentielle pour un corridor avec des aires de repos puisque le bétail et les humains en ont besoin ». Le haut-commissaire explique qu'il s'est rendu lui-même dans la zone du projet pilote et que dans ses échanges avec les populations la question du forage pour chacune des trois aires de repos est revenue avec insistance. Ces populations réclament également un point de vaccination et éventuellement des pistes d’accès au corridor.
À Piega, la proximité du marché à bétail avec le corridor facilite les choses ; seulement, ce marché n'a pas de quai d'embarquement approprié pour le bétail, le quai actuel est fait avec du bois et du banco. Ici aussi, les villageois réclament à l'unanimité un point d'eau pour les animaux.
Le projet pilote du Burkina Faso consiste à baliser 91 km de corridor pour le passage des animaux du Niger et du Burkina vers le Bénin. Les balises sont en béton et peintes en blanc. Trois aires de repos à Piega, Kouyargou et Pogninconli ont été réalisées. A Kouyargou et Pogninconli l’aire de repos fait 1 000 m de diamètre et 600 m à Piega en raison d'une pression foncière très élevée. Le couloir lui-même fait 100 mètres de large. Les travaux qui ont donné des emplois à certains jeunes des villages ont été réalisés par un entrepreneur privé.
Hilaire Ilboudo, chargé de projet Mekrou pour le PNE Burkina est totalement satisfait de la mise en œuvre du projet pilote que les populations se sont appropriées. Certaines familles dont les maisons sont à l’intérieur ou traverser par le tracée du couloir ont quitté et d’autres se préparent à le faire librement sans aucune compensation financière ni recours à la force.
La mise en œuvre du projet a impliqué le gouverneur, le haut-commissaire, le préfet, le maire, le département régional des ressources animales et halieutiques, le département régional de l'eau et l'assainissement, le département régional de l'environnement, les populations de Piega, Kouyargou et Pogninconli, les conseillers locaux. « Nous n'avons pas besoin que quelqu’un vienne nous dire à quel point cette action est importante pour nous. Ce que nous ne savions pas, c'était comment la faire concrètement. Maintenant, nous allons nous en occuper comme nous le faisons pour nos champs et nos animaux », conclut le porte-parole du village de Pogninconli.