Un atelier régional s’est déroulé dans ce cadre du 03 au 05 mai 2023 à Ouagadougou, Burkina Faso pour renforcer les capacités des acteurs des Etats membres de l’UEMOA en matière de promotion du développement durable et de coopération dans le domaine des eaux transfrontières. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre : i) de la Politique des Ressources en Eau de l’Afrique de l’Ouest (PREAO) élaborée de manière participative par la Commission de la CEDEAO en étroite collaboration avec la Commission de l’UEMOA et le CILSS et ii) de la Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement (PCAE) de l’UEMOA, qui met l’accent sur l’un des axes stratégiques de la PREAO à savoir la promotion de la coopération et de l’intégration régionale pour le développement des relations entre les Etats, les Organismes de Bassin et les Organisations régionales en vue d’assurer une gestion concertée, intégrée, durable et pacifique des ressources en eau en Afrique de l’Ouest.
A travers le monde, on dénombre plus de 310 bassins fluviaux et 468 aquifères partagés. Ces derniers, partagés entre deux (02) ou plusieurs Etats, représentent environ 60 % des ressources en eau douce, au service de plus de trois (03) milliards de personnes, soit plus de 40 % de la population mondiale. L'eau douce et les écosystèmes transfrontaliers complexes partagés traversent une myriade de frontières politiques et couvrent des besoins sectoriels et des thèmes tout aussi pluriels. La coopération autour de l’eau est donc cruciale pour le développement durable et l'action en faveur de la paix et de la résilience climatique.
L'Afrique de l'Ouest est une région diversifiée, qui abrite le tiers de la population africaine. Son réseau hydrographique assez dense est marqué par de très nombreux et grands cours d’eau ainsi que 28 bassins transfrontaliers, correspondant à un peu moins de la moitié de la soixantaine de cours d’eau internationaux que compte l’Afrique, alors que son territoire représente moins du quart de la superficie du continent. Les ressources en eau transfrontalières y représentent 80 % des eaux de surface.
Au niveau communautaire, la majeure partie de l’Espace UEMOA soit 3,5 millions de km² se situe dans des zones arides et semi-arides sahéliennes et même désertiques. La région, quoique caractérisée par des disponibilités en eau de surface et souterraines importantes, reste marquée par des défis majeurs de gestion des ressources en eau aussi bien à l’échelle nationale, qu’à l’échelle des bassins fluviaux et aquifères partagés.
Dès lors que l’eau est disponible et commune à plusieurs Etats, la situation se complique quant aux règles de son partage et de sa distribution. La coopération internationale dans le domaine de la gestion des eaux transfrontières partagées est donc essentielle pour assurer le développement économique et social des pays riverains des cours d’eau transfrontières de la région. Elle se révèle également essentielle pour réduire les risques liés à l’eau, tels que les inondations et les sécheresses, et pour renforcer la résilience des populations et des écosystèmes au changement climatique.
Au niveau mondial des mécanismes ont été mis en place y compris les Conventions pour faciliter la coopération transfrontière. Il s’agit notamment de la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997 (Convention sur les cours d'eau), la Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux de 1992 (Convention sur l'eau) et « La Résolution A 63/124 des Nations Unies sur le droit des Aquifères Transfrontaliers », adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 11 décembre 2008.
L’adhésion auxdites Conventions, favorise le renforcement des bases juridiques, techniques et institutionnelles de la coopération, ainsi que la gouvernance nationale des ressources en eau. Aussi l’Organisation des Nations Unies (ONU), encourage-t-elle les pays à adhérer et à mettre en œuvre lesdites Conventions.
La présente rencontre régionale visait donc à accompagner les Etats membres de l’UEMOA dans les processus d’adhésion, de ratification, d‘appropriation des outils de mise en œuvre des Conventions mondiales sur les eaux partagées. Il s’agissait d’accroitre les capacités des acteurs de l’Union sur le contenu, la portée politique et juridique ainsi que les outils, les connaissances et compétences requises pour promouvoir et mettre en œuvre les Conventions.
L’atelier régional a permis aux acteurs des Pays et des Organismes de Bassin Transfrontaliers (OBT) d’appréhender le fonctionnement du mécanisme institutionnel desdites Conventions et leurs activités en mettant l’accent sur les défis, les opportunités et les avantages concrets, y compris ceux relatifs à l’indicateur 6.5.2 de l’ODD 6, de leur mise en œuvre pratique de manière à contribuer à la promotion et au renforcement de la coopération sur les eaux transfrontières dans l’Espace UEMOA et globalement en Afrique de l’Ouest.
Ont pris part à la rencontre les responsables en charge des directions et services techniques en charge de la gestion et de la gouvernance des ressources en eau ainsi que des affaires étrangères des Etats membres ; les représentants des Organismes de Bassins Transfrontaliers ; les partenaires techniques et financiers ; des institutions et banques régionales et internationales de financement du développement; le Secrétariat de la Convention sur l’eau (CEE-ONU) ; le Comité d’application de la Convention sur l’eau ; le Fonds d'équipement des Nations Unies (UNCDF) et les représentants des institutions sous-régionales (Commission de l’UEMOA, Commission de la CEDEAO, CILSS).
La cérémonie officielle était placée sous la présidence du Professeur Kako NUBUKPO, Commissaire Chargé du Département de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de l’Environnement (DAREN) à la Commission de l’UEMOA.