"S’il pleut vous ne pouvez rien faire avec les gens de cette zone qui est complètement inondée», dit Charles Akwotiga, directeur de l'Agriculture de la municipalité de Bawku. Le village est l'un des nombreux villages situés le long du fleuve et pendant la saison des pluies subissent la montée des crues. Et ces dernières décennies, en raison de la baisse des pluies, les gens ont occupé les zones tampons et les arbres sur les berges de la rivière ont été détruits.
Le maraichage pratiqué en saison sèche est une activité très importante pour les communautés qui ont pris l’habitude de creuser des puits pour arroser leurs jardins.
Les puits sont creusés sur les rives du fleuve et cela facilite l'envasement du lit du fleuve. Ainsi, les pratiques liées au maraichage érodent les berges du fleuve qui ont besoin d'être restaurées. Pour cela une zone tampon a été délimitée et des arbres y seront plantés en accord avec les villageois qui exploitent ces espaces qui se chargeront de les protéger. C’est une superficie de 90 mètres de large et cinq (5) kilomètres de long qui a été définie sur les deux côtés du fleuve.
En accord avec les propriétaires terriens, une sélection des espèces d'arbres à planter a été faite comprenant les plants de mangue, d'acajou, etc. Ces arbres vont contribuer à la fois à la restauration des écosystèmes tout en fournissant des fruits dont les revenus vont contribuer à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs.
Le projet contribue à la formation des agriculteurs sur les bonnes méthodes de planter les arbres, les techniques de protection et ils sont sensibilisés à la nécessité de laisser une zone tampon et à ne pas couper les arbres sur la zone tampon.
Dans le village de Tampizua 29 agriculteurs se sont portés volontaires pour planter des arbres dans leur vergers sur les berges du fleuve, ils se sont engagés à protéger les arbres en les arrosant pendant toute la saison sèche.
La grande crainte des agriculteurs pendant les saisons pluvieuses est liée à la montée des crues avec les lâchées d’eau du barrage de Bagré au Burkina qui s’accompagnent généralement des inondations.
Une expérience à Mongnore, un village non loin de Tampizua 2, réalisée dans le cadre d’un autre projet il y a quelques années a été une bonne source d’inspiration pour les agriculteurs. Il y a eu des interactions communautaires avec les agriculteurs de Mognore qui parlent la même langue.
"Le projet est en train de faire le travail que nous aurions dû faire, donc nous sommes très engagés pour sa réussite", dit le chef du comité de village de Tampizua 2.
Les partenaires d'exécution organisent les communautés de sorte que la mise en œuvre du projet soit accompagnée par d'autres activités génératrices de revenus comme l'élevage des petits ruminants, de volaille. Les communautés apprennent à se mieux s’organiser en mettant en place un système d’auto-surveillance communautaire.
Les services gouvernementaux contribuent à la mise en œuvre des activités, car cela fait partie de leur mandat que l’on retrouve dans le programme du gouvernement au niveau du district pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations.
Et selon M. Abdallah Seidu Ali, du service forestier de Bawku «il faut aller vers les gens afin de découvrir ce qu'ils font sur le terrain pour être en mesure de mieux planifier».
A Binduri le même projet est mis en œuvre et selon M. Abdul Razak Zacharia, chargé de la programmation au niveau du district les échanges avec les membres de la communauté ont permis de faire le diagnostic des problèmes et de la disponibilité à se soumettre au changement. Les problèmes identifiés comprennent l'inondation de terres agricoles chaque année pendant la saison des pluies avec la destruction des récoltes. Cela a un grand impact sur les conditions de vie des communautés. Pour améliorer les moyens d'existence certaines activités ont été suggérées par les communautés dont l'élevage, l'agriculture de contre saison, la récolte de l'eau de pluies, et la plantation d'arbres.
Pour rendre le processus participatif avec une totale appropriation de la population, des groupes de travail ont été mis en place dans la communauté afin de déterminer les domaines d’activité de chaque agriculteur. Les Organisations communautaires de base ont également été identifiées avec leurs domaines d'activité. En raison des mauvaises pratiques agricoles portées à leur connaissance comme étant l'un des facteurs favorisant les inondations régulières, les gens de la communauté ont dit qu’ils étaient prêts à accepter le changement dans la mesure où leur souci principal de faire face aux effets néfastes des inondations.
Les services forestiers ont appuyé la mise en œuvre du projet en fournissant leur propre pépinière. A Binduri la superficie de la zone tampon est également de 90 mètres de large et 5 km de long des deux côtés du fleuve. Des arbres y seront plantés afin de minimiser les effets des inondations.
Les femmes constituent 50% de la population impliquée dans le projet et elles prennent part à toutes les réunions avec le reste de la communauté. Les taux de participation aux est très élevé et les femmes, les dirigeants et les jeunes participent en grand nombre aux réunions.
On ne constate pas de conflits liés à l’utilisation des terres dans la région en raison de certaines règles coutumières qui frappent d’exclusion à vie de la communauté toute personne impliquée dans un conflit foncier.