Selon Jérôme Delli Priscoli, président du TEC, « le Comité Technique et le réseau du GWP ont fait d'importants efforts pour se rapprocher des besoins des régions, savoir de quels outils elles ont besoin, et cet atelier est organisé dans cet esprit. Nous parlons de nouveaux outils de modélisation collaborative et nous essayons de les amener dans les différentes régions afin que le TEC apprenne des régions qui apprendront également certains des nouveaux outils utilisés dans le monde entier. Il s'agit de construire de meilleures relations et d'essayer d'aider les deux parties. » Le président du TEC a ajouté qu'au fil des ans, il y a eu de bons techniciens qui ont développé de bons outils de planification qui ne sont pas compris par les parties prenantes, même si elles connaissent leurs valeurs et l’impact des organisations qui produisent derrière ces modèles. Ainsi, prendre en compte dès le début les intérêts des parties prenantes pour la production de ces modèles permettra de les utiliser ensuite pour prendre des décisions de négociation.
L'atelier s'est révélé intéressant pour les participants qui sont des partenaires du GWP dans la région, représentants des bassins fluviaux, des organisations régionales, des administrations publiques de l'eau, des universités.
Les principaux défis dans la mise en œuvre de la « modélisation collaborative » sont que "le monde technique et les acteurs sociaux et parties prenantes ne sont pas bien connectés. La modélisation collaborative essaie d’établir le lien entre les deux mondes et les amener à prendre un peu plus de temps pour mieux s'accorder », explique Laura Basco Carrera, l'une des formatrices. Elle ajoute que les techniciens de modélisation devraient s'adapter aux besoins des acteurs locaux qui à leur tour devraient restructurer leur mode d'engagement en termes de modélisation, comprendre comment fonctionne le système. Il s'agit de changer cette mentalité.
Pour réussir une modélisation collaborative il y a besoin d’avoir un leader, quelqu'un qui s'engage vraiment à améliorer les moyens de subsistance des personnes qui sont autour de lui, affirme Guillermo Francisco Mendoza, le deuxième formateur. Il reconnaît qu’amener les gens à discuter, argumenter et comprendre comment les choses fonctionnent est une chose qui est difficile et prend du temps, tout comme la modélisation collaborative. « La modélisation collaborative est recommandée lorsqu’il y a un problème et que de nombreuses personnes ont des valeurs différentes avec beaucoup d’informations », ajoute Mendoza.
Pour Fabien HOUNTONDJI, membre du comité technique régional, le concept de modélisation collaborative permet d’impacter les planificateurs au niveau pays et régional pour qu’ils se penchent de plus en plus pour une telle solution. Il pense que la démarche qui consiste à associer les acteurs au début de la modélisation et arriver à la phase de négociation par rapport aux mesures envisagées est très importante pour aboutir à des résultats acceptés de tout le monde. « C'est l'esprit de la GIRE et je pense qu'il est crucial d’intégrer cet outil au niveau des planificateurs à travers un renforcement de leurs capacités. C’est un point capital pour la promotion de la GIRE dans la région », conclut Hountondji.
Abomba Joaquim, responsable bassin au secrétariat de l'Autorité de la Volta Noire de la Commission des ressources en eau, a déclaré qu'en participant à la formation, il s'attendait à voir comment la modélisation collaborative peut contribuer au processus de planification des bassins fluviaux. Les attentes ont été atteintes dans la mesure où la planification de la GIRE implique de nombreuses parties prenantes. Cette formation a permis, at-il dit, de lui faire constater qu'il existe de nombreux niveaux d'engagement car on ne peut pas regrouper tous les acteurs en atelier et s'attendre à obtenir la même information. Ceci est important pour lui et il compte en prendre compte dans le développement du plan de la Volta noire. Joaquim ajoute que le modèle lui-même est construit sur Excel, ce qui facilite son utilisation et son adaptation par tout le monde. « Je m'attendais à voir un système informatique très géant et complexe, mais là je peux jouer, changer et faire tout ce que je veux en l’adaptant au besoin spécifique de mon bassin", indique Joaquim.
Joaquim pense que la connaissance acquise devrait être partagée et il préconise la création d'une communauté de pratiques sur ces techniques. « Si nous avons un réseau, cela aidera au partage des informations sur ce que nous avons appris et nous apprendront de ce que d'autres ont pratiqué pour aider à la construction du secteur de l'eau », conclut Joaquim.
En prélude à la formation, les membres du TEC du GWP ont rencontré le TEC régional pour s’imprégner des perspectives régionales de la mise en œuvre de la GIRE. Selon le Dr Fabien HOUNTONDJI, membre du Comité Technique régional, « cette réunion a été très importante car elle a permis aux membres du RTEC d’engager la réflexion pour le développement d’une approche de capitalisation de la mise en œuvre de la GIRE en Afrique de l’Ouest ».
A l’ouverture de cette réunion le président de GWP AO, Pr. Abel Afouda a souhaité la bienvenue au TEC et apprécié le fait d’avoir organisé cette rencontre en Afrique de l'Ouest. Une opportunité pour lui de rappeler que « l'Afrique de l'Ouest est l'une des régions du monde où la pénurie et les événements climatiques extrêmes tels que les inondations et les sécheresses, ainsi que la croissance démographique, le développement économique et l'urbanisation incontrôlée augmentent les stress liés à l’eau ». La responsabilité du GWP, a-t-il ajouté, est de sensibiliser à l'importance de l'eau à travers la mise en œuvre de nos objectifs stratégiques.
La formation a répondu aux attentes exprimées dans ses mots en ajoutant une impulsion aux efforts visant à mieux comprendre et à aborder la nature complexe et intégrée de l'eau. L'atelier était très pratique avec des exercices concrets lors de travaux de groupe. L'exercice de négociation s'est avéré très dynamique avec les participants qui ont argumenté sérieusement pour défendre leurs positions afin de convaincre et de se familiariser avec les problèmes.
Le PNE Ghana et la Commission des ressources en eau du Ghana ont facilité l'organisation de la rencontre à Accra.