Les principes directeurs de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) ont été adoptés par des experts du monde entier à Dublin en janvier 1992 et approuvés par les chefs d'Etat et de gouvernement à la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement à Rio de Janeiro en juin 1992. Le troisième de ces quatre principes directeurs stipule que : "Les femmes jouent un rôle central dans la fourniture, la gestion et la sauvegarde de l'eau". Avec l'adoption des objectifs de développement durable, le GWP a fait progresser les questions de genre sur la base de sa stratégie genre et, plus récemment, de son " l’Action Pièce Genre " à travers laquelle il joue un rôle crucial dans la promotion des questions de genre dans la gestion des ressources en eau en soutenant les acteurs du secteur de l'eau dans leurs efforts pour appliquer une gestion plus équitable et durable des ressources en eau.
Ainsi, en conformité avec la stratégie genre du GWP et par souci d’intégrer l’aspect genre dans la réalisation de ses activités, le GWP Cameroun a mené une étude sur l’évaluation des impacts de la fluorose sur le genre dans l’Arrondissement de Meri (Région de L’Extrême -Nord), dans le cadre du projet " Améliorer la résilience des services WASH dans le bassin versant de Mayo Tsanaga à travers des initiatives pilotes ", qui a débuté en avril 2017 et s'est achevé le 30 juin 2018. En effet, en 2010, une publication scientifique intitulée " Origine géochimique et distribution spatiale du fluorure dans les eaux souterraines du bassin du fleuve Mayo Tsanaga, région du Grand Nord, Cameroun : implications pour l'incidence de la fluorose et la dose de consommation optimale " de monsieur Fantong, personne ressource du GWP Cameroun, a révélé et convaincu les acteurs du secteur de l'eau que le fluorure géogénique des eaux souterraines du bassin du fleuve Mayo Tsanaga (MTRB) affecte et menace la santé orale/ dentaire de quelque 500 000 Camerounais, essentiellement des enfants. De plus, des personnes ressources ont insisté sur le fait que la fluorose avait un impact psychosocial plus négatif sur les filles et les femmes que sur les hommes et les garçons. Toutefois, en raison de l'absence d'enquête documentée ou de preuves à cet égard, ces questions n'ont pas été prises en compte dans la production des supports de sensibilisation du projet. C’est alors que le GWP Cameroun et ses partenaires ont mené une étude sur la façon dont la fluorose affecte différemment les femmes et les filles, par opposition aux hommes et aux garçons, dans le contexte de la mise en œuvre de la stratégie de genre du GWP et de l'Action Piece sur " l'égalité des genres et l'inclusion dans la gestion des ressources en eau ".
Les résultats de cette étude ont été présentés et validés le 24 mai 2019 à Maroua au Cameroun, lors d’un atelier organisé pour la cause. L’atelier a connu la participation des représentants du système des Nations-Unies (ONU FEMMES, UNICEF), de certains ministères sectoriels impliqués (MINEE, MINSANTE), du 3ème Adjoint au Maire de la Commune de Meri, des ONG et des GIC locaux et des Organisations de la Société Civile. Facilités par l’expert en genre du Comité Scientifique et Technique du GWP Cameroun et le consultant de l’étude, lesdits travaux consisté en la relecture des différents documents par les participants. A cet effet, deux commissions ont été mises en place correspondant aux deux livrables que sont : (i) le rapport de l’étude sur l’évaluation de la fluorose dentaire et (ii) le guide de sensibilisation sur la fluorose dentaire.
Au terme, les participants ont entre autres recommandé de
- Promouvoir l'utilisation des filtres à fluor dans la commune de Méri ;
- Inscrire une dotation budgétaire pour la gestion de la fluorose dentaire ;
- Faire un plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour en faire un problème de santé publique ;
- Produire un documentaire audiovisuel de sensibilisation sur le phénomène étudié ;
- Former les populations sur le processus d’inhibition du fluor avant la consommation de l’eau.